Vincent Lambert : les experts confirment son «état végétatif chronique irréversible»




Les trois médecins ne voient pas « d’urgence » à décider du sort de l’ancien infirmier psychiatrique, aujourd’hui âgé de 42 ans.

Vincent Lambert n’a plus « d’accès possible à la conscience » et cet état est « irréversible ». Les trois médecins experts mandatés par la justice pour juger de l’évolution de son état depuis 2014 ont achevé leur rapport le 18 novembre. Leurs conclusions, dévoilées ce jeudi par l’AFP, pourraient marquer une étape déterminante dans la bataille à laquelle se livre la famille.

A 42 ans, Vincent Lambert a passé 10 ans sur un lit d’hôpital à la suite d’un accident de la route. Ses proches se déchirent autour de son sort. Sa femme, Rachel Lambert, se bat pour faire respecter la volonté de son mari.  Selon elle, il n’aurait pas voulu d’acharnement thérapeutique, même s’il n’a jamais couché cette volonté sur le papier. Ses parents, catholiques proches des milieux intégristes, estiment que, bien que prisonnier de son corps, leur fils est « handicapé » et fait des progrès.

Le CHU de Reims, où Vincent Lambert est hospitalisé, a pourtant demandé le 9 avril dernier de pouvoir déclencher la procédure d’arrêt des soins. Ouvrant un nouvel épisode judiciaire au cours duquel les premiers experts choisis se sont désistés, du fait des « tentatives de manipulations » dont ils faisaient l’objet.



« Plus d’accès possible à la conscience »

Ce père de famille, ancien infirmier psychiatrique, a été examiné à deux reprises. 16 heures d’intervalle, le 7 septembre au soir et lendemain matin, en présence des médecins-conseils des différentes parties, qui se déchirent sur le sort du patient.

Il en ressort que son état ne s’est pas amélioré depuis 2014. « Vincent Lambert est dans un état d’incapacité fonctionnelle psychomotrice totale en 2018 comparable cliniquement à celui enregistré en 2014 ». Sa « situation d’impotence fonctionnelle totale du fait des lésions encéphaliques irréversibles » lui interdit « toute qualité de vie » et ne rend « plus d’accès possible à la conscience ». Ils ajoutent même qu’il y a eu « apparition des éléments minimes d’aggravation ».

Mais sur certains points, les experts nuancent : pour eux, le patient Lambert ne subit pas un acharnement thérapeutique. Sa condition médicale « n’appelle aucune mesure d’urgence ». « il existe en France des structures pouvant l’accueillir jusqu’à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s’avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale ». Si leur demande a déjà été rejetée par la justice, les parents Lambert se battent pour que leur fils soit transféré dans un établissement spécialisé dans la prise en charge de son handicap.



Ce rapport est en principe la dernière étape avant que le tribunal administratif ne statue « définitivement » sur l’arrêt des soins. L’audience devant le TA est prévue le 9 décembre, selon le neveu de Vincent Lambert, François, partisan comme l’épouse de ce dernier de laisser son oncle partir en paix.