Rixe mortelle aux Lilas : «C’est mon quartier, je l’aime, mais c’est de pire en pire»

Rixe mortelle – Un jour seulement après le décès d’un jeune garçon de 13 ans, les gens du lieu des Sentes où s’est déroulée la querelle violente décrivent un climat «affaibli».

En ce premier jour de la semaine, la ruelle des Sablons, aux Lilas (Seine-Saint-Denis), est quasiment déserte. Seul homme de propreté vaque calmement à sa collecte des feuilles mortes. Aux environs de cette artère, voisine de la très commerçante rue Paris de la cité des Sentes, des habitants du quartier pressés se dirigent en courant vers le métro, d’autres attendent l’autobus, font leurs courses ou dialoguent au café.

Rien ne permet de deviner l’événement dramatique qui s’est produit samedi soir dans cette rue des Lilas, commune entourée par le XIXe arrondissement de la capitale, Le Pré Saint-Gervais, Pantin, Romainville et Bagnolet. Deux bandes concurrentes s’y sont malgré tout retrouvées et affrontées à coups de bâtons et de barres de fer. Un jeune garçon de 13 ans  Bagnolet d’origine a été gravement touché avant de céder dimanche après-midi à l’hôpital. Céder

Une enquête a été déclarée pour «assassinat en bande préparée». Ce lundi,  source fiable de cette affaire a appris à l’AFP qu’un groupe de cinq adolescents âgés de 14 à 17 ans suspectés d’être impliqués dans la bagarre avaient été mis en détention provisoire. Deux ont déposé les armes à la police dans la soirée du dimanche et les trois autres se sont fait arrêter ce matin.

«Je ne sors jamais le soir»

«Cela s’est produit juste là», affirme Christiane en démontrant du doigt la direction de la ruelle des Sablons. Celle qui réside aux Lilas depuis 32 ans s’estime «choquée» du décès du jeune garçon. «J’y ai élevé mes trois garçon. Avant il n’y avait pas de difficultés, mais on affronte toujours plus de brutalités, on se sent de moins en moins en sécurité», soupire la grande dame, qui «aurait  souhaité déménager, mais il faut voir ailleurs, à un prix abordable».

Un sentiment partagé par la majorité des Lilasiens croisés ce premier jour de semaine. Résidente depuis 46 ans dans la cité des Sentes, «un coin pas paisible du tout», Liliane confesse «ne pas sortir le soir». Marilyne, quinquagénaire qui y réside dès de sa naissance, estime que le secteur «a vachement changé». «Il y a un grand nombre de brutalités, tandis qu’avant, ce n’était pas comme cela. C’est mon quartier, je l’aime, mais c’est de pire en pire»

Résidant également depuis longtemps aux Sentes, Paul est le plus explosif. «Face à la moyenne du 93, c’est plutôt peu agité, mais cela fait 20 ans que cela s’abîme. Les dealers, par exemple: ils ont encore existé, mais dorénavant ils sont très repérables», regrette le quadragénaire, qui relate avoir aperçu dimanche en rentrant à la maison «une mère qui pleurait et accusait les jeunes qui traînaient là d’être responsable du meurtre son enfant».

«On aimerait voir plus de forces de l’ordre chez nous»

Seule Martine, sexagénaire qui travaille dans une association pour les sans-papiers, décrit un quartier «plutôt agréable» et même «très sympa». «Oui, il y a des jeunes qui traînent, ils écoutent de la musique, ils discutent, mais enfin rien de bien méchant», raconte celle qui s’est installée dans le voisinage en juillet dernier.

Seule Martine, personne âgée d’une soixantaine d’année qui intègre une organisation à but non lucratif pour les sans-papiers, évoque un lieu «en fait confortable» et même «très sympa». «Oui, il y a des jeunes qui traînent, ils écoutent des chansons, ils discutent, mais finalement rien de bien mauvais», relate celle qui s’est installée dans le voisinage au mois de juillet dernier.

Concernant les jeunes croisés sur la voie de l’établissement scolaire, ils paraissent sous le choc mais pas surpris. «Cette affaire ne me surprend pas. Il y a la plupart du temps des bagarres, certains jeunes sont encore en désaccord», relate Ornella, dorénavant scolarisée dans la capitale. «A l’instant même, on espère moins d’histoires, moins d’embrouilles. J’estime que tout de suite ils vont vouloir se venger…», rajoute Éric.