La continuité de Gérard Collomb au ministère critiqué

LE SCAN POLITIQUE – Alors qu’Emmanuel Macron n’a pas accepté le départ volontaire ce lundi par le ministre de l’intèrieur Gérard Collomb comme l’a publié Le Figaro, l’opposition juge dur qu’il soit capable de saisir toujours huit mois.«Le ministre de l’intèrieur est en survie artificielle», a réagi Laurent Wauquiez.

Suite au choix du président de l’Etat de mobiliser Gérard Collomb à son poste pour la sécurité des français malgré sa volonté de partir, tel que le dévoilait lundi soir Le Figaro. L’opposition ne se prive pas de dénigrer la situation délicate. «La proposition de démission de Collomb est bizzare», a jugé Laurent Wauquiez en réunion de groupe LR au parlement mardi matin: «Le ministre de l’intérieur est en survie artificielle». «Cette confidence au Figaro démontre bien que le ministre de l’intérieur est cramé: son administration s’éloigne de lui depuis son annonce de départ, idem les syndicats… noms de successeurs circulent… tenir 8 mois sera long… Lonesome cowboy!», a de même réagi sur le réseau social twitter le député de la première circonscription de la Manche, Philippe Gosselin.

«une véritable fausse démission»

Jean Leonetti, le vice-président de LR a jugé de son côté que c’était «une véritable fausse démission». «Franchement, ça fait un peu théâtre et je trouve que ça altère la cohésion du gouvernement», a critiqué l’élu des Alpes-Maritimes sur Public Sénat. «De toute évidence, M. Collomb avait besoin d’être relégitimé, dès lors c’est une manifestation promotionnelle». «Ministre de l’intérieur, ce n’est pas rien, ministre de l’intérieur, ça tient toute la sécurité, cela doit acquérir une autorité», a-t-il rajouté. «S’il souhaite revenir à sa ville de Lyon, c’est éventuellement qu’il se sent mal à l’aise dans le ministre actuel et c’est un élément très fort (…), cela dévoile le manque de force de ce ministère», a toujours Jugé Leonetti. Une constatation partagée par l’ex ministre de l’intérieur, Jean-Louis Debré sur LCI: «Quelle sera son autorité auprès des forces de l’ordre? On ne demeure pas ministre de l’Intérieur si on n’a pas la rage d’y demeurer.»

Aux questions d’actualité, Collomb sur le gril

Suite à la déclaration du départ refusé, l’opposition veut absolument revenir sur le cas Collomb. Comme aux prochaines questions d’information au Sénat, ce mardi. Depuis que le ministre a déclaré dans L’Express, le 18 septembre son départ du gouvernement en 2012 pour se dévoiler aux élections municipales de Lyon en 2020, des voix se dressent afin d’exiger son départ instantanée. La semaine dernière, déjà, celui-ci s’est donc retrouvé sur le gril au Sénat. Tandis que la parole lui était donnée sur l’affaire de l’Aquarius, une voix s’est prononcée des rangs de la société LR: «Il reste est toujours là?». Les questions se sont enchaînées à Gérard Collomb: «Mon interrogation s’adresse aussi à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur», a expliqué le conseiller de la république centriste de Haute-Loire, Olivier Cigolotti, générant les rires de l’Hémicycle.

Le sénateur LR de la Haute-Saône, Alain Joyandet, l’avait interpellé deux fois sur sa double casquette ministre et candidat à la fois. « Comment allez-vous procéder pour récupérer la situation en main? Vous m’avez lu quelques indicateurs budgétaires, mais l’interrogation c’est comment allez-vous récupérer cette situation en main à titre personnel?». «Vous savez que même si votre mission a besoin d’une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec une seule obsession: la sécurité des citoyens français. C’est ainsi qu’on réussit! C’est place Beauvau qu’on offre l’exemple!», avait rajouté Alain Joyandet. «A présent, le moral des troupes n’y est pas, parce qu’elles attendent un responsable qui soit à leur mesure vingt-quatre heures sur vingt-quatre et qui n’ait pas la tête ailleurs…».

«Cette désinvolture, alors que la France affronte la menace terroriste, est inédite», Bruno Retailleau

Si l’offensive des hommes politiques LR n’avait rien de volontaire une semaine plus tôt, les Républicains espèrent pourtant ne pas lâcher le ministre de l’intèrieur. «Cette désinvolture, tandis que la France lutte contre la menace terroriste, est inédite», regrette Bruno Retailleau auprès du Figaro, le directeur de la société LR au Sénat.

«Songer que l’on soit capable d’acquérir un ministre de l’intèrieur à mitemps dévoile la perte de connexion de la politique sur l’insécurité subie par les Français», avait jugé de même Laurent Wauquiez, mi-septembre, en pleine réunion du groupe LR à l’assemblée, transmettant un sentiment partagé à droite. Le directeur de LR avait alors défini de «surréaliste» la déclaration du ministre de l’intérieur «qui choisit sa date de départ». Un acte d’après Laurent Wauquiez «révélateur de l’affaiblissement du président de la république».

De quoi pousser la droite à exiger une clarification. Dès les envies du ministre de l’intérieur connus pour les municipales, le second vice-président de LR, Guillaume Peltier, avait aussi convié sur RTL Gérard Collomb à «abdiquer de son rôle» sans patienter 2019, «s’il prend en compte qu’il est le meilleur pour Lyon». Un discours repris par l’élu LR de l’Yonne, Guillaume Larrivé, qui sur Public Sénat réclamait au ministre de l’intérieur de se «consacrer à cette mission à 3000%».

Lundi sur France Info, l’ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, soutien d’Emmanuel Macron, avait apprécié que Gérard Collomb ait «l’accréditation à la retraite». «Qu’il quitte ce ministère, qu’il aille se charger de ses petits-enfants, des pâquerettes», a sorti l’écologiste en dénonçant aussi la «condescendance» du ministre de l’intérieur par rapport au président de la République.