Le gouvernement teste l’idée d’une retraite à taux plein à 63 ans

Sans prendre en considération l’âge légal de départ à la retraite établi à 62 ans, le gouvernement avance la piste d’une année de travail en plus pour partir avec une pension sans abattement d’impôt.

Convaincre la population française à travailler plus longtemps.

Faire travailler beaucoup plus les Français sans prendre en considération l’âge légal de départ à la retraite ou la période de contributions ? L’exécutif de l’état, d’après les Echos et le Monde, aurait une nouvelle idée : mettre en place un «âge-pivot» à… 63 ans au lieu de 62 ans. Selon les deux journalistes, le haut-commissaire chargé de la modification du régime des retraites, Jean-Paul Delevoye, doit présenter, ce mercredi aux associés sociaux, cette astuce susceptible d’être incorporée d’ici quelques mois au énorme big bang des retraites. Emmanuel Macron s’étant engagé pendant le milieu rural présidentielle à mettre en place un système universel par éléments et ne pas faire marche arrière l’âge de départ à la retraite, établi à 62 ans depuis 2017, élaborer un «âge-pivot» une année après cet âge légal obligerait ceux qui désirent partir avec une retraite à taux plein à travailler un peu plus longtemps que prévu.

A présent, pour partir avec l’ensemble de sa retraite, il faut pas uniquement patienter 62 ans (excepté pour ceux qui ont débuté à travailler jeune, ont une déficience ou eu une carrière pénible) mais il faut plus précisément avoir déjà cotisé entre 40 et 43 annuités (160 à 172 trimestres) en fonction de son année de naissance. Demain, si le pouvoir politique met en œuvre cette idée, un individu remplissant ces  obligations va devoir travailler 12 mois entier pour partir avec la totalité de sa retraite. Assurément, elle pourra toujours quitter le poste mais subira alors une «décote »qui s’appliquera au taux de sa pension de retraite. C’est exactement le cas aujourd’hui quand une personne se retire de la vie active sans avoir tous ses trimestres de cotisations (perte de 5% par année). Pour réussir à partir sans décote en dépit d’un manque de trimestres cotisés, il faut aujourd’hui travailler jusqu’à 67 ans. A l’opposé, si un résident travaille plus longtemps, elle gagne une «surcote» sur le prix de sa prochaine pension.

Même la CFDT est contre

Cette façon de faire de l’«âge-pivot» satisfait énormément au Medef. L’organisation patronale souhaiterait même qu’un départ à taux plein ne s’appliquera avant 64 ou 65 ans. en 2015, ses chargés de communication avaient parvenu à enregistrer ce système au sein du partenariat Agirc-Arrco. Depuis, un employé du privé concerne donc sa complémentaire retraite à taux plein s’il attend 63 ans. S’il décide de partir plus tôt, il subit une décote de 10% durant 3 années. S’il part plus tard, il profite d’une prime de 10% à 30% suivant la quantité d’années complémentaires travaillées.

Côté organisations syndicales, on n’accepte pas précisément que la version des complémentaires soit converti au régime général. «Il faut que l’âge de départ à la retraite reste à 62 ans, il faut que ce soit « je cotise et je reçois » dans les paramètres actuels et on améliore à l’intérieur des paramètres, a lancé Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, lundi matin sur RMC-BFM TV. Tous ceux qui ont dans la tête un élément paramétrique, c’est-à-dire qu’on veut jouer sur l’âge dans cette réforme, auront l’opposition de la CFDT. C’est clair et net.» Même tir de barrage à Force ouvrière : «Si, à présent, on passait d’un âge légal de 62 ans à 63 ans, on aurait quasiment 40% du peuple qui partirait avec une décote», a averti Pascal Pavageau, son leader, sur France Inter. Fustigeant au passage l’outil par éléments voulu par Emmanuel Macron, «une individualisation, une modification de philosophie avec une raisonné où il faut chercher des points pendant toute la durée de sa vie».

«Aujourd’hui, tous les trois mois où je travaille, je gagne des droits à la retraite ; demain, toutes les 60 secondes où je ne travaille pas, je perds des éléments. La retraite par points, en conclusion, c’est du travail sans fin», a vivement repris Pavageau. La démonstration de la modification du régime des retraites est prévue en 2019.