Ce que l’on sait de la mort de deux Français venus adopter en Haïti

Les deux quarantenaires étaient sur l’île, en proie à une grave crise sociale et politique, pour adopter des enfants. « Ils ont fait tout ce qu’il fallait faire en termes de sécurité », assure l’Agence Française de l’Adoption, qui suivait leur dossier.

Le Quai d’Orsay a confirmé le drame lundi. Un couple de Français âgés d’une quarantaine d’années a été tué par balle dimanche, tout juste après son arrivée à l’aéroport de Port-au-Prince, en Haïti. « Je comprends pas, on est assommé », a déclaré le père de la femme tuée à BFMTV.

Les deux victimes, Mélina et Alexandre, étaient originaires de Saint-Martin-d’Ardèche, en Ardèche: la femme était vendeuse dans un magasin de matériaux tandis que son époux était commercial chez un grossiste, rapporte ce mardi Le Parisien.



Le couple venait pour adopter deux enfants haïtiens
Les deux Français étaient à Haïti pour adopter deux enfants, un frère et sa sœur, qu’ils devaient rencontrer pour la première fois au cours d’une étape dite « de sociabilisation », censée durer une quinzaine de jours. Ils ne seraient pas repartis avec les enfants de l’île.

« Ma fille avait décidé d’adopter », explique le père de la victime. « Ça fait six ans, tous les papiers d’adoption étaient faits. Ils allaient voir les enfants dans la crèche ».

Mélina et Alexandre avait obtenu leur premier agrément en 2013, qui avait été renouvelé en 2018, selon le conseil départemental de l’Ardèche. La procédure d’adoption était gérée par l’Agence Française de l’Adoption (AFA). Le couple était également inscrit dans la section ardéchoise de l’association Enfance et familles d’adoption, précise Le Parisien.

« Avoir un enfant, ils n’avaient que ça en tête depuis des années », assure un oncle d’Alexandre au quotidien.

La piste d’un crime crapuleux est évoquée
Si l’on sait que les deux Français ont été tués par balles, les circonstances précises du drame restent à éclaircir. L’ambassade de France au Port-au-Prince n’apporte pour l’instant pas de précisions sur le lieu exact ou les circonstances du drame.

La piste d’une crime crapuleux est évoquée. Le couple, qui venait d’atterrir à l’aéroport de Port-au-Prince et de monter dans un taxi, réservé par l’AFA, aurait été tué à la toute fin de son trajet en voiture, alors qu’il arrivait à son hôtel. Selon des témoins, le couple était suivi lorsqu’il est monté dans le véhicule.



Les Ardéchois avaient pourtant pris toutes leurs dispositions pour voyager en sécurité, étant au fait de la situation sociale et politique chaotique du pays où ils comptaient adopter leurs deux enfants.

« Ils ont fait tout ce qu’il fallait faire en termes de sécurité », assure l’AFA, citée par l’Agence-France-Presse.

Le couple s’était notamment inscrit sur le site Ariane du Quai d’Orsay, qui permet aux ressortissants français d’enregistrer un voyage touristique, personnel ou professionnel d’une durée de moins de 6 mois dans un pays étranger. De plus, comme le rapporte un ami d’Alexandre au Parisien, « ils avaient pris un hôtel sécurisé par des gardes armés ».

Le pays est plongé dans une grave crise
Haïti reste un pays extrêmement dangereux pour les touristes. Pour l’heure, le ministère français des Affaires étrangères recommande en effet « de reporter tout voyage jusqu’à nouvel ordre », en Haïti, rappelant que « l’ensemble du territoire haïtien est déconseillé sauf raison impérative ».

Depuis le mois d’août, le pays est plongé dans une grave crise politique qui se traduit par des manifestations à répétition, souvent émaillées de violences: des habitants réclament la démission du président Jovenel Moïse. Selon l’ONU, au moins 42 personnes sont mortes depuis mi-septembre dans ces mobilisations organisées dans les principales villes du pays.

« Des groupes violents sont actifs et entretiennent un climat d’insécurité », écrit la diplomatie française dans une publication datée du 24 octobre 2019.

« On assiste à une augmentation sans limite d’actes de criminalité par des groupes armés avec le support d’officiels de l’Etat, par des bandes tolérées par le pouvoir politique en place », avait déclaré mi-novembre Marie-Yolène Gilles, militante haïtienne pour la défense des droits humains, s’inquiétant de la multiplication des gangs à Port-au-Prince.



La crise sociale que connait la population de l’île n’est pas pour calmer cette atmosphère électrique. « Les 20% les plus riches d’Haïti contrôlent plus de 60% des richesses et les 20% les plus pauvres ont moins de 2% des richesses », explique l’économiste haïtien Kesner Pharel à RTL. Pas moins de 60% de la population survit par ailleurs avec moins de deux dollars par jours. Une extrême pauvreté qui alimente la violence à l’égard de touristes.

© bfmtv.com

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