Anna Karina, légendaire actrice de la Nouvelle Vague, est morte




Célèbre notamment pour ses rôles dans les films de Jean-Luc Godard, l’actrice et chanteuse d’origine danoise est morte à 79 ans des suites d’un cancer.

« Tu me parles avec des mots, moi je te regarde avec des sentiments », disait-elle du bout des lèvres et de ses grands yeux tristes à Jean-Paul Belmondo, dans Pierrot le Fou. L’actrice Anna Karina, éternelle muse de Jean-Luc Godard, est morte, samedi 14 décembre à Paris, des suites d’un cancer, a annoncé dimanche son agent à l’Agence France-Presse (AFP).

D’origine danoise, l’actrice au visage pâle dévoré par de grands yeux bleu-gris avait tourné sept films avec Godard, alors son compagnon, dans les années 1960. Mais elle ne s’en est jamais contentée, usant de sa voix charmeuse pour se lancer dans une carrière de chanteuse, notamment aux côtés de Serge Gainsbourg.



« Anna est partie hier dans un hôpital parisien des suites d’un cancer. C’était une artiste libre, unique », a déclaré son agent, Laurent Balandras, selon qui la comédienne s’est éteinte auprès de son mari, le réalisateur américain Dennis Berry. « Aujourd’hui, le cinéma français est orphelin. Il perd l’une de ses légendes », a tweeté le ministre de la culture, Franck Riester. La Cinémathèque française a, elle, fait part de son « immense tristesse ».

Icône de la Nouvelle Vague, Anna Karina avait eu les honneurs du Festival de Cannes en 2018, figurant sur l’affiche de la 71e édition, avec un cliché d’elle et de Jean-Paul Belmondo pris en 1965 durant le tournage de Pierrot le Fou, de Jean-Luc Godard. Dans la mémoire des cinéphiles, Anna Karina gardera l’image d’une ingénue libertaire, en particulier avec cette réplique-culte : « Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire… »



Record de films entre un cinéaste et une actrice
D’une enfance au Danemark ballottée entre une mère distante, une grand-mère morte trop tôt et un grand-père adoré, elle avait gardé une fragilité à fleur de peau. Encore mineure, elle se rend en stop à Paris avec l’intention de devenir actrice en France pour échapper à sa mère, une costumière de théâtre — elle n’a eu que deux fois des nouvelles de son père, capitaine au long cours.

Elle y est vite remarquée et entame une carrière de mannequin. A 17 ans, elle apparaît dans une réclame pour les savonnettes Palmolive. De son vrai nom Hanne Karin Bayer, elle est rebaptisée Anna Karina par la couturière Coco Chanel.

Jean-Luc Godard la repère dans une publicité, deux ans après son arrivée à Paris, en 1957. Il lui propose un petit rôle dans A bout de souffle avec Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo, qu’elle décline. Il la rappellera quelques mois plus tard pour le rôle principal du Petit Soldat, un film contre la guerre d’Algérie qui sera interdit par la censure gaulliste.



La fin du tournage marque le début de leur histoire d’amour. Ils se marient le 3 mars 1961. Suivent six films, un record entre un cinéaste et une actrice, dont Une femme est une femme (prix de la meilleure interprétation au Festival de Berlin en 1961), Vivre sa vie (1962) et Pierrot le Fou, avec Jean-Paul Belmondo.

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